Description du projet

Article paru dans le premier numéro – Les Autres Possibles

Pudique mais vive, Anne Belleil n’est pas femme à se taire. Son éloquence naturelle éclaire les traits de son visage. Il y a dix ans tout pile, cette fille de producteurs laitiers quitte la restauration pour investir dans la terre. Elle choisit une nature de sols épargnés par l’agriculture intensive et proche sur le plan agronomique de sa Bretagne natale. Quatre hectares de champs et de prairies rebaptisés Ferme du Sabotchka : « je voulais entrer dans la filière bio car elle nous permet, à nous producteurs, de nous adapter aux évolutions de la société et d’innover dans la commercialisation ». Dès son installation en 2006, la maraîchère boude la criée des marchés et les centrales d’achats qui « fragilisent les producteurs avec des prix négociés à la baisse ». Elle choisit de vendre ses paniers de légumes sur Internet. Mais l’option montre rapidement des limites. Le consommateur, pas toujours régulier dans ses achats, génère trop d’invendus, ce qui l’oblige à faire affaire avec les grossistes du Marché d’Intérêt National (MIN) de Nantes pour le rachat des légumes. Les yeux rieurs de la productrice se voilent lorsqu’elle évoque des rapports de forces « permanents » et « une économie de marché violente où la marchandise est en concurrence directe avec celle des autres maraîchers. Les producteurs ne représentent rien ! ». Anne n’est pas femme à s’embarrasser, elle renonce à ce système.

Portrait d’Anne Belleil, maraîchère